De tout temps, et dans tous les pays, quels que soient les gens, les superstitions existent plus ou moins répandues et diverses. Il s'agit de croyances plus ou moins liées à des événements religieux et fortuits (imprévus), fondées sur la crainte ou l'ignorance. On croit à divers présages (augures), ceux-ci portent bonheur, ceux-là portent malheur. On se transmet de génération en génération, des expressions, des faits, des situations, des exemples auxquels chacun croit plus ou moins, mais il faut à tout prix se préserver du mal, du mauvais œil ou de la mort. Alors pour ne plus craindre ce qui peut arriver de déplaisant, chacun se rappelle ce que ses parents lui ont transmis.
Certes, elles trouvent leur origine dans la nature humaine surtout celle, confrontée à la frustration et au désespoir, mais elles sont liées étroitement au rang et au niveau socio-économique d'une communauté ou d'un individu. A vrai dire, ce ne sont que des chimères et des illusions voire des mirages et ne reposent sur aucun fondement scientifique.
A travers son roman autobiographique à caractère ethnographique. L'auteur Ahmed Sefrioui nous brosse des scènes relatives aux superstitions qui sévissaient à l'époque coloniale des années 20 pendant laquelle la plupart des marocains végétaient dans la misère. Evidemment, les démunis privés du stricte minimum de moyens matériels, recourent aux charlatans afin de soulager leurs maux physiques et moraux. L'exemple de Lalla Zoubida, la mère du narrateur Sidi Mohammed, et de son amie Lalla Aicha est très significatif .La visite du sanctuaire de Sidi Ali Boughaleb ne les a pas comblées de bénédiction de « baraka » mais elle s'est transformée en cauchemar ; puisque Sidi Mohammed a été la victime de l'attaque d'un « matou» d’un chat. En voilà une critique acerbe glissée par l'auteur afin de dénoncer le maraboutisme puisqu'on ne peut espérer la bénédiction et la protection d'un saint mort.
Bien que les eaux aient coulé sous les ponts, notre société marocaine croit toujours aux miracles des marabouts notamment chez les classes populaires où les mentalités sont restées stagnées.Certainement, le manque d'aisance et de moyens matériels poussent les gens à se soulager à l'aide de remèdes bon marché et de recettes miraculeuses moins coûteuses parce que leur budget ne leur permet pas de consulter des spécialistes, ceci est pour eux un luxe.
L'autre visite effectuée à Sidi El Arafi en est aussi un exemple de taille. Les recettes miraculeuses et magiques recherchées auprès d’un marabout, d’un fqih ou d'une voyante constituent tout simplement la quête du bonheur perdu, le recouvrement de la bonne santé mais à des honoraires dérisoires ou en monnaie de singe.
Les mêmes croyances et les mêmes pratiques continuent à sévir au sein de notre société peut-être à un degré moins important qu’autrefois,mais ils se perpétuent par le biais da la mémoire collective, à cause de la pauvreté et surtout à cause de la misère intellectuelle.
En effet, le progrès d'une nation passe par l'instruction .Or, le taux d'analphabètes est toujours élevé, les conditions de vie de la plupart des foyers marocains laissent à désirer. Certains pour ne pas dire la plupart végètent en dessous du seuil de la misère.
Bref, lutter contre ce fléau nécessite l'amélioration du niveau socio-économique des citoyens. Ainsi leur permettra-on d'accéder à une vie décente voire meilleure et de jouir d'une mentalité évoluée et d'un esprit critique, faisant table rase de toute croyance infondée scientifiquement.
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