26 février 2014

Deuxième année du baccalauréat

Candide, Chapitre 1 (5 premiers paragraphes)


INTRODUCTION

A.   PREAMBULE

  • Texte trompeur puisque Voltaire ne le prend pas à sa charge en en minimisant la portée tout à la fois en prétendant qu’il n’est qu’une traduction et d’autre part qu’il s’agit d’un obscur auteur (cf. l’Avertissement figurant dans l’avant texte)
  • Dans le même temps, introduction du sérieux par le grade M. Le Docteur Ralph et le sous titre (ou l’Optimisme)
  • Le mensonge fictionnel au service d’une vérité littéraire : la page est révélatrice des caractéristiques générales de l’œuvre sur les plan du conte philosophie, de l’ironie et de l’écriture voltairiennes.

B.   SITUATION

  • Incipit extrêmement expéditif dont la teneur et le style fonctionnent comme une grammaire pour lire le conte.
  • Passage qui répond aux exigences du genre (incipit) et aux attentes du lecteur : un horizon d’attente et un pacte de lecture sont posés.

C.   INTERETS / PLAN

  • La technique du conteur, caractéristique de l’art voltairien : plaisir d’écrire ; plaisir de lire
  • Un conte philosophique qui revendique une double appartenance : au conte / à la critique philosophique
  • Une réécriture parodique du mythe biblique de la Chute

I. L’UNIVERS ILLUSOIRE DE THUNDER TEN TRONCK

A.   UN FAUX PARADIS TERRESTRE

TTT a des allures de « paradis terrestre » 40
Mais il s’agit d’un faux paradis terrestre car :
            Décrit par un candide
            L’éloge de TTT est pris en charge par Pangloss 33
            Situé en Vestphalie
            Baron de TTT (titre, sonorités) 34 et 34 bis
Le règne du paraître (seul C personnage authentique) et de la flagornerie 36
Un univers sclérosé, prisonnier de préjugés nobiliaires grotesques 35
Un monde menaçant (cf. titre du chapitre, sonorités de TTT) et fortement hiérarchisé
Présentation faussement élogieuse des personnages 37 à 39
Une cour dégradée , une fausse cour 41, le baron singe le roi
Utilisation des propositions descriptives 42
            Car son château avait / nous mangeons du porc toute l’année : la noblesse est une illusion qui crée de l’illusion
            Syntaxe 54
            Fonction des imparfaits 22
Conclusion sur cette partie 44

B.   UN FAUX PHILOSOPHE ET UNE FAUSSE PHILOSOPHIE

    • Un faux philosophe
Pangloss : un intellectuel au service du pouvoir 16 18 52
Pangloss : une pensée totalitaire 47
Pangloss : un discours disqualifié 50 51
  • Une fausse philosophie
Docteur en métaphysico-théologo-cosmolonigologie  : une philosophie disqualifiée  45
                        Appellation calquée sur celle du Père Castel
Une déformation de la  pensée de Leibniz et de Wolff 48 49

II. LA VERITE LITTERAIRE

A.   UN CONTE VOLTAIRIEN

Incipit répond à formule du conte voltairien 28
Un conte voltairien 25 26
            Un rythme allègre et enlevé : rapidité ds narration des faits, description des personnages
            L’humour : le comique de mots
                        Proximité phonique et sémantique « cochon » et « baron »
                        Les indications numériques : 350 livres, 71 quartiers, les superlatifs, « une porte et une fenêtre »
                        Jeux de mots : « dans le besoin »
                        Des sonorités choisies TTT, cosmolonigologie
                       

B.   UN CONTE PHILOSOPHIQUE

Un conte : souci de respecter l’oralité spécifique au genre : fiction du récit oral « je crois »
En dépit des apparences, l’œuvre n’est pas une dissertation philosophique mais un conte philosophique 21 22
Une Allemagne de convention 22
Des personnages de conte : schématisation
            Les TTT 11 12 13 14 15
            Le poids de l’atavisme 20
Un conte sous le haut patronage de Rabelais 23

C.   CANDIDE UN HEROS DE CONTE

Héros éponyme 1 3 à 6
Héros de conte 24
            Un nom programmatique pour un conte 9
            Etre passif et authentique
            Bâtard déclassé 9 56

D.   UN VERITABLE INCIPIT

Noue l’intrigue 28
Ouvre le procès de l’Optimisme 28
Ouvre le jeu des correspondances entre les trois jardins 29
Pose un pacte de lecture 26 (possible aussi ds « Grammaire pour lire Œuvre »)

E.   UNE VERITABLE GRAMMAIRE POUR LIRE L’OEUVRE

Le roman du passif 7 8 et 60 « il y avait »
Toutefois, en dépit des apparences, Candide est une unité susceptible de devenir dynamique 3
L’ordre de présentation des personnages
            Ordre nobiliaire, protocolaire : ordre de la fiction
            Ordre du conte : ordre de l’écriture
Csqce :  en résulte contestation de l’ordre nobiliaire 1 2 et 53
Les fausses pistes littéraires :
                        Candide : héros d’un roman d’apprentissage ? 4
                        Incipit d’un roman d’apprentissage 30
                        Incipit d’un roman picaresque 31
Candide : un nom programmatique pour la philosophie des lumières 10
Figure du lecteur idéal 24

III. LA REECRITURE PARODIQUE DU MYTHE BIBLIQUE DE LA CHUTE

A.   Similitude du personnel dramatique 54

    1. Une trinité tutélaire 55
    2. Une morale de l’énergie 56
    3. Parole panglossienne : parole luciférienne ie mensongère et séduisante 57 58

  
Candide, chapitre V, 1er paragraphe

Tempête, naufrage, tremblement de terre, et ce qui advint du Docteur Pangloss, de Candide, et de l’anabaptiste Jacques. 
La moitié des passagers affaiblis, expirans de ces angoisses inconcevables que le roulis d’un vaisseau porte dans les nerfs et dans toutes le humeurs du corps agitées en sens contraires, n’avait pas même la force de s’inquiéter du danger. L’autre moitié jetait des cris et faisait des prières ; les voiles étaient déchirées, les mâts brisés, le vaisseau entr’ouvert. Travaillait qui pouvait, personne ne s’entendait, personne ne commandait. L’anabaptiste aidait un peu à la manœuvre ; il était sur le tillac ; un matelot furieux le frappe rudement et l’étend sur les planches ; mais du coup qu’il lui donna, il eut lui-même une si violente secousse qu’il tomba hors du vaisseau, la tête la première. Il restait suspendu et accroché à une partie de mât rompue. Le bon Jacques court à son secours, l’aide à remonter, et de l’effort qu’il fait il est précipité dans la mer à la vue du matelot, qui le laissa périr sans daigner seulement le regarder. Candide approche, voit son bienfaiteur qui reparaît un moment, et qui est englouti pour jamais. Il veut se jeter après lui dans la mer : le philosophe Pangloss l’en empêche, en lui prouvant que la rade de Lisbonne avait été formée exprès pour que cet anabaptiste s’y noyât. Tandis qu’il le prouvait a priori , la vaisseau s’entr’ouvre ; tout périt, à la réserve de Pangloss, de Candide, et de ce brutal de matelot qui avait noyé le vertueux anabaptiste : le coquin nagea heureusement jusqu’au rivage, où Pangloss et Candide furent portés sur une planche.

Le tillac : le pont supérieur d’un navire
A priori : par un raisonnement de principe, antérieur à toute vérification expérimentale.
Heureusement : avec succès

Cette explication sous forme de commentaire permet le rappel d’un certain nombre d’attendus du commentaire. Les observations méthodologiques figurent en bleu et entre parenthèses.

La présentation (rappels)
Il convient de respecter les conventions de présentation (saut de deux lignes entre l’introduction et le développement et entre le développement et la conclusion, saut d’une ligne entre les différents paragraphes au sein d’une même partie, retour à la ligne avec respect d’un alinéa pour marquer le changement de paragraphe qui correspond à un changement d’idée)
Si vous êtes amené à modifier le texte, vous noterez entre crochets les modifications apportées :
Même coupées, vos citations doivent conserver un sens et être cohérentes sur le plan syntaxique.
Introduction et annonce des axes directeurs
« Comme Montaigne, Voltaire nous oblige à penser. Mais ce n’est pas par une molle et lente méditation, à travers les méandres d’une pensée qui se cherche et qui se crée, c’est par une série de piqûres, qui nous éveillent, nous pressent, nous obligent à courir après une pensée qui vole déjà toute armée, brillante des facettes de l’inattendu, du burlesque, du symbole, de l’ironie » Tel est le jugement que porte Bénac sur celui qui incarna le type même du philosophe des Lumières, Voltaire. Et si cet avis concerne l’ensemble de son œuvre, il s’applique tout particulièrement à Candide. Ce conte philosophique, publié en 1759 – c’est-à-dire au moment où, parvenu à la soixantaine, Voltaire fait le bilan de ce qu’a pu lui apprendre son expérience – retrace les mille épreuves que doivent traverser un jeune novice, Candide, et son « maître » Pangloss qui professe les théories optimistes. Pourtant la Providence ne les épargne guère puisque, après diverses péripéties au cours desquelles ils ont frôlé la mort, ils sont victimes d’une tempête au cours d’un voyage qui devait les conduire au Portugal. Aussi Voltaire saisit-il l’occasion de présenter, dans le respect plus ou moins parodique des récits traditionnels de tempête, un « vaisseau » en plein naufrage où règne désordre et violence. Toutefois cette situation est loin de détenir le monopole de son attention : il se montre même beaucoup plus préoccupé par une petite scène particulière qui lui permet d’exercer ses talents de conteur. C’est d’ailleurs, avant tout, pour lui le moyen d’exprimer de façon plaisante quelques  opinions quant à l’absurdité du destin, et, dès lors, quant au caractère vain de tout optimisme exagéré. (les 3 axes du commentaire sont annoncés sans lourdeur ni terme scolaire)


  1. I.            UN RECIT PARODIQUE DE TEMPETE
1)   L’ambiance générale et le décor
 L’intérêt se porte d’emblée sur la faiblesse des passagers, du fait de l’accumulation d’expressions comme « affaiblis », « expirans » ou « n’avait pas même la force ». Il s’agit, pour certains, d’une faiblesse apparemment médicale, et les termes liés à l’anatomie, tels que « nerfs » ou « corps », suggèrent ( utilisez des termes nuancés, évitez de vous montrer trop catégorique et péremptoire) que quelques passagers souffrent, en fait, d’un mal de mer provoqué par le roulis du navire. Mais pour d’autres, le malaise est plutôt dû à la peur et aux « angoisses », ce que signalent leurs « cris » ou leurs « prières ». Il faut voir là l’affolement général, caractéristique des récits de tempête.
De même, comme dans les récits traditionnels – songeons à la tempête de l’Odyssée (Homère), à celle de L’Enéide (les titres sont soulignés) ou bien encore à celle du Quart Livre de Rabelais – Voltaire ponctue l’épisode, dans la seconde partie de la 2ème phrase , d’éléments pittoresques propres à une telle situation : les voiles « déchirées », les mâts « brisés » et le vaisseau « entr’ouvert » caractérisent ce naufrage, mais sans autre description. Ce ne sont que notations brèves, énumérées sur un rythme heurté, saccadé qu’intensifient encore l’absence de liaisons et l’économie de l’auxiliaire « être » pour les deux derniers membres de l’expression. Voltaire rejette tout détail superflu. De la même façon, le lexique technique, demeure très simple, limité à des termes comme « voiles », « mâts », « tillac », (chacun des termes cités est placé entre guillemets à la française) accessibles à tout lecteur. En revanche, certaines images nous invitent à participer plus intimement à la scène : le terme « roulis » laisse imaginer le mouvement étourdissant du bateau ; quant aux « angoisses », elles évoquent, comme dans d’autres récits similaires, le rétrécissement progressif de l’espace vital et la sensation d’étouffement ; le participe « entr’ouvert » paraît (terme nuancé) figurer, par sa disposition typographique, la brèche ouverte dans la coque du navire.
En outre, Voltaire s’inspire, de façon amusée, du modèle homérique en faisant intervenir cette tempête au cours d’un périple en mer vers une terre assez lointaine. Mais si Ulysse (dans l’Odyssée) est frappé par la tempête sur le chemin du retour (son voyage de retour entre Troie et Ithaque durera 10 ans), Candide et Pangloss ne sont, eux, qu’au début de leur périple. Pourtant, comme Ulysse, comme Enée (dans l’Enéide), comme Pantagruel et Panurge (dans le Quart Livre), ils sont en quête d’une certaine vérité, d’un certain éclaircissement sur le sens de la vie, et le récit de Voltaire revêt des aspects nettement parodiques. Toutefois, l’auteur ne fait aucune mention des éléments météorologiques, contrairement aux récits traditionnels. L’évocation de la force de la tempête fait simplement l’objet d’une phrase extrêmement laconique (brève) à la fin du chapitre 4 : « L’air s’obscurcit, les vents soufflèrent des quatre coins du monde, et le vaisseau fut assailli de la plus horrible tempête ». La présentation de l’état du navire est, elle-même, dans notre paragraphe, très rapide, quoique fort évocatrice : « les voiles étaient déchirées […] » - et de bien mauvais augure…
2)   Le désordre général
Le désordre provient d’abord du mouvement du bateau, de son “roulis” qui provoque l’agitation  « en sens contraires » des passagers. Cette agitation règne surtout sur le vaisseau : elle n’est guère le fait de la première moitié des passagers, masse floue et confuse, mais plutôt de l’ « autre moitié » qui, par ses « cris » et ses « prières », (la citation doit être parfaitement intégrée à votre commentaire et on ne doit pas sentir de rupture entre le discours citant et le discours cité.) crée une sorte de fond sonore, un brouhaha que suggère (terme nuancé) le verbe (indiquez la nature grammaticale des mots, lorsque vous les connaissez !) « jetait », comme si (interprétation nuancée) les sons fusaient pêle-mêle. Mais le désordre le plus grand se situe parmi les personnages principaux, traduit par une succession rapide de verbes d’action, nombreux et variés : « frapper », « donner un coup », « tomber », « courir », (chacun des termes cités est encadré par des guillemets) complétés par des qualificatifs (indiquez la nature grammaticale des mots  ) tels que « violente secousse », « précipité dans la mer » qui confèrent à l’ensemble un caractère confus, anarchique, propre de la folie. Cette agitation et cette confusion empêchent, en fait, toute intervention efficiente ( = efficace) : la formulation lapidaire (très brève) de la 3ème phrase, faite de trois (les chiffres doivent figurer en toutes lettres) propositions extrêmement brèves et rapides, sans transitions, souligne l’incohérence des mouvements et, partant, leur inefficacité, rendue sensible également par la répétition de « personne ne.. ». La formule « travaillait qui pouvait », en inversant le sujet, semble signaler que toutes les actions vont, en fait, à l’encontre de ce qu’il faudrait. De plus, en imitant le « sauve qui peut » traditionnel, elle suggère (terme nuancé) la débandade générale. De même dans la phrase suivante, « un peu », qualifiant l’aide apportée par l’anabaptiste, ne fait que mettre en évidence le caractère vain de toute tentative. Aussi, l’ « anarchie » règne-t-elle sur le navire et semble-t-elle devoir durer, si l’on en croit les verbes à l’imparfait : « travaillait », « s’entendait », « commandait » dont la valeur durative (exploitation des connaissances acquises sur la valeur des temps du récit ) contraste avec les passés simples et les présents de narration, signes manifestes d’actions rapides.
3)   L’inquiétude et la violence
 Le récit insiste donc sur l’atmosphère de catastrophe, en multipliant les termes comme « expirans »,  « angoisses », « dangers », « cris » ou le verbe « périr » dont on relève deux occurrences. Apparaît, dans ces circonstances, la diversité des réactions humaines face à l’adversité,  ce que révèle la construction symétrique, soulignée par l’asyndète, ( analyse et commentaire de la forme, de la syntaxe) des deux premières phrases : « la moitié […] . L’autre moitié ». Les termes « angoisses » et « inconcevables » renforcent par ailleurs l’aspect dramatique de la situation : le premier (étymologie latine « angustia » qui signifie « étroitesse », « lieu resserré ») rappelle que tout se resserre inexorablement, menaçant les passagers d’étouffement ; le second, signe du caractère exceptionnel du moment, aggrave encore l’inquiétude, d’autant que l’expression est utilisée au pluriel. Le récit met ainsi en scène une situation particulièrement alarmante. La répétition du verbe « entr’ouvrir » - dont l’allitération (analyse et commentaire de la forme : les sonorités) en [R] évoque un craquement sinistre – confirme cette impression, de même que la succession graduée des verbes qui indiquent une chute (« étend », « tomba », « précipité », « englouti ») et qui semblent (terme nuancé) figurer ce qui va advenir du vaisseau. Parallèlement, ce mouvement vers le bas se double d’un déplacement vers le haut, marqué par les expressions « suspendu et accroché » ainsi que l’infinitif « remonter ». Ces mouvements contradictoires offrent l’image d’un véritable chaos, image également très parodique, puisqu’on la retrouve dans la plupart des récits traditionnels de tempête, chez Homère, Virgile ou Rabelais. Cette évocation du chaos se clôt d’ailleurs sur la notation d’un mort généralisée - « tout périt » -, en une sorte de fin du monde rendue sensible par l’utilisation du terme neutre généralisant « tout ». Seuls trois rescapés se retrouvent, parodiquement, dans la situation de Noé lors du Déluge : la « planche » ferait fonction d’arche protectrice, et le rivage gagné heureusement serait le point de départ d ‘un nouveau monde. Or, le déchaînement des forces naturelles et les événements violents semblent (terme nuancé) être le fait d’une puissance supérieure invisible, comme le laisse supposer la large utilisation des participes passés (indiquez la nature grammaticale des mots)  « affaiblies », « agités », « déchirées », « entr’ouvert », « englouti », construits sans complément d’agent. S’impose alors l’idée de l’homme jouet du destin, véritable fétu de paille ballotté par les éléments, ainsi que le souligne l’expression « agitées en sens contraire » et ainsi que le confirmera la suite du conte. La situation devient même sordide, car la formule redondante « suspendu et accroché » - quasiment pléonastique – n’est pas sans faire penser à l’image d’un pendu. Toutefois, cet épisode ne saurait être qualifié de tragique – et c’est là un nouvel aspect parodique du récit – puisque l’on n’a pas la certitude d’une fin totalement catastrophique et que le terme « planche » - nettement mis en valeur en tant que dernier mot du paragraphe – suggère un heureux dénouement pour les trois rescapés, un salut : ne parle-t-on pas traditionnellement de « planche de salut » ?
II. LA FOCALISATION SUR UNE PETITE SCÈNE BIEN PARTICULIERE
La succession rapide de six propositions indépendantes (indiquez la fonction grammaticale des phrases)   (« les voiles étaient déchirées [….]  personne ne commandait »), destinées à dépeindre l’état des passagers et du navire, nous fait supposer que Voltaire tient à passer au plus tôt à la présentation d’une petite scène animée, objet privilégié de son art de conteur. La structure du passage révèle, du reste, un procédé de focalisation progressive : après une revue générale mais rapide de la situation, le projecteur se fixe sur un microcosme, présenté en une véritable saynète théâtrale ; et le dernier terme de la page, « planche », pourrait même laisser entendre (terme nuancé) que nous nous trouvons au théâtre (annonce de l’axe directeur de la partie)
  1. La mise en scène des personnages
Le narrateur ( ne pas confondre narrateur et auteur ) ne s’attarde pas sur la description des personnages ; mais les diverses attitudes de chacun et quelques qualificatifs spécifiques permettent de se forger une opinion quant à leur caractère. Jacques, l’anabaptiste, est entièrement défini par des termes positifs : « bon » anabaptiste, « vertueux ». La répétition du mot « anabaptiste » insiste sur sa piété. A l’inverse du « bon Jacques », le « matelot » apparaît d’emblée comme odieux. Il est l’antithèse absolue de l’anabaptiste puisque désigné par des qualificatifs à connotation péjorative  : « furieux », violente », « brutal », « coquin »
Au centre de la scène, Candide se montre tel qu’en lui-même, confirmant son nom : il manifeste une confiance naïve et entière en son maître, qu’il « écoute », comme toujours, sans le moindre esprit critique. Pourtant, le récit met en évidence ses manifestations spontanées de générosité : « il veut se jeter après lui dans la mer […] ». Les oscillations de sa volonté font sourire, et peut-être ( terme nuancé ) pourrait-on voir, dans son impulsivité ingénue, une satire des âmes sensibles, tellement à la mode au 18ème siècle. ( histoire littéraire ) Quant à Pangloss, il est encore une fois raillé pour son optimisme irréductible, et surtout pour le vide et l’absurdité de sa réflexion qui se donne des allures de démonstration rationnelle – la répétition du verbe « trouver » en atteste - , mais qui manipule des arguments fallacieux, soit qu’ils relèvent de l’absence de jugement critique (« a priori »), soit qu’ils se réfèrent à une argumentation finaliste (« formée exprès pour que…. »)
  1. Une saynète particulièrement animée
 Le passage du plan général au plan rapproché se manifeste aussi par une accélération du rythme, sensible dans la multiplication des ponctuations et l’accumulation de membres de phrases très brefs ( analyse de la forme ) , ainsi que par un changement de temps  verbal. Alors que tous les verbes étaient à l’imparfait, l’entrée en scène du matelot marque un brusque bond dans le présent de narration (« frappe »). Dès lors les temps ne vont cesser de varier (passé simple, imparfait, retour au présent, puis au passé simple, puis au présent, puis au passé simple…) donnant l’impression ( terme nuancé et commentaire/interprétation du fait de langue relevé) de la succession ininterrompue, rapide et mécanique d’une multitude de petites images. Cette saynète fait irrésistiblement penser à quelque dessin animé : la série de péripéties plus ou moins incohérentes et les gestes désordonnés ou saccadés, mis encore en relief par la quasi absence de coordination, évoquent tel ou tel épisode des animations de Tex Avery. (auteur américain de dessins animés) Quant à l’allitération (analyse et commentaire de la forme : les sonorités) de fricatives (« un matelot furieux le frappe »), elle suggère (terme nuancé) que la tension monte, tandis que les sonorités en [k] et en [r] se font les échos d’une agitation frénétique.
Cette vivacité extrême du récit et les détails de l’action confèrent donc au passage un caractère indéniablement comique : les exagérations – le coup lancé par le matelot est si puissant qu’il passe lui-même par dessus bord ! – ou les incohérences – l’anabaptiste « périt » puis  « reparaît » miraculeusement, pour être finalement englouti pour jamais – prêtent à sourire ; et, sans doute, faut-il voir là une parodie des multiples invraisemblances des romans picaresques, très appréciés à l’époque. (histoire littéraire)
         Voltaire semble (terme nuancé) ainsi se complaire dans le tête-à-tête avec ses personnages qu’il manipule comme des marionnettes . Il va même, par moments, jusqu’à perdre le fil de son récit de tempête, pour le reprendre brutalement, dans une sorte d’épilogue au présent. « le vaisseau s’entr’ouvre ». Mais en répétant le verbe « s’entr’ouvrir », le narrateur manque apparemment de logique dans sa chronologie : le vaisseau, qui avait déjà été présenté comme « entr’ouvert » - et le participe a forte valeur perfective (analyse de la forme : exploitation des connaissances grammaticales)  -, est seulement en train de s’entr’ouvrir à la fin du récit. De même certains voyageurs qui, tout au début du passage, apparaissent « expirans de ces angoisses inconcevables », n’ont, à la fin de la même phrase, « pas même la force de s’inquiéter du danger ». C’est faire fort peu de cas de la cohérence de la narration !
         Or en supprimant tous les passagers (« tout périt »), hormis trois rescapés, Voltaire donne l’impression de se débarrasser, d’une manière bien désinvolte, de cet épisode de tempête et de naufrage, qui ne se présente finalement que comme un prétexte à  la mise en scène de quelque personnages privilégiés. La dernière image du paragraphe, par laquelle nous pouvons voir les deux héros sur une « planche », laisse deviner combien Voltaire brûle d’envie de les faire bientôt remonter sur scène.
  1. LA DENONCIATION DE L’ABSURDITE DU DESTIN ET DE L ‘OPTIMISME
         Ces marionnettes manipulées par l’auteur, plus encore qu’un moyen de s’amuser, apparaissent donc comme des intermédiaires permettant d’exprimer certaines opinions, tout en évitant d’infliger une véritable démonstration. Telle est précisément la portée réelle du conte philosophique. Et n’est-ce pas d’abord de sa propre naïveté de jeunesse que se rit Voltaire à travers Candide ? ( Le fait de souligner les titres permet de distinguer les cas où l’on parle deCandide pour désigner le conte philosophique et de Candide pour désigner le personnage principal de ce conte). A ses débuts, Voltaire avait embrassé l’optimisme de Leibniz et de Pope, allant jusqu’à accuser Pascal, tout empreint de pessimisme janséniste, de ne peindre que des « hommes méchants et malheureux » (25ème Lettre philosophique). Ne fait-il pas maintenant amende honorable en présentant, dès les premières lignes du récit de la tempête, une masse humaine fragile et désespérée ?
  1. L’existence du mal et l’absurdité du sort
 La saynète tragi-comique décrite par le conteur fournit essentiellement l’occasion de tirer une philosophie de l’absurde. Elle nous donne à lire l’absurdité qui frappe indifféremment coupables et innocents. C’est la preuve manifeste qu’il n’y a pas de Providence. D’ailleurs non seulement « tout périt », mais, qui plus est, c’est le « bon Jacques » qui succombe et non le « coquin ». Et l’expression abrupte, « ce brutal matelot qui avait noyé le vertueux anabaptiste », souligne la brutalité du sort et son incohérence. Voltaire laisse ainsi voir combien il est choqué par l’existence du mal et de l’injustice – tout comme il l’avait déjà montré à propos du tremblement de terre de Lisbonne (1er février 1755), dont l’évocation suit immédiatement dans Candide, le récit de la tempête. lL met du reste en évidence, dans l’attitude du matelot qui « laissa (Jacques) périr sans daigner seulement le regarder », le manque de reconnaissance des hommes ; et l’adverbe d’insistance (  indiquez la nature grammaticale des mots) « seulement »  exprime nettement combien Voltaire récuse un tel comportement, démontrant, n’en déplaise à Rousseau, (histoire littéraire : allusion au mythe du bon sauvage qui a opposé Voltaire et Rousseau) que la nature humaine n’est pas foncièrement bonne. De même, dans les paroles de Pangloss rapportées  au style indirect, le démonstratif péjoratif « cet » dénonce l’insensibilité du pseudo philosophe qui voit périr, sans tourment, un innocent.
         En outre, faire parvenir les trois rescapés, criminels ou non, à la même destination est une preuve supplémentaire de l’injustice du sort, ce que souligne encore l’utilisation très ironique de l’adverbe « heureusement » pour qualifier le matelot sauvé des eaux (souvenir biblique ironique ? = Moïse ?) Voltaire se montre ici résolument cynique – ce cynisme pourrait d’ailleurs être un équivalent de la catharsis dans la tragédie classique (connaissances littéraires sur la tragédie ; la purgation des passions)  -, en affichant une froideur et un détachement complets dans la description des horreurs, se plaisant même à faire réapparaître Jacques pour mieux l’ « engloutir ».
  1. la satire d’un pseudo philosophe
 Tout, dans cet épisode, va donc à l’encontre des théories proférées par Pangloss, disciple ridicule et dérisoire de Leibniz : à la formule « tout est au mieux », la tempête semble apporter un démenti formel, puisque non seulement tout va mal, mais encore le « bon » est puni et le « coquin » sauvé. Malgré ce démenti, Pangloss, comme toujours prompt à la parole, s’entête à une démonstration – et la répétition du verbe « prouver » souligne cet entêtement. Voltaire ridiculise le personnage en mettant en évidence la longueur et la pesanteur de son raisonnement fastidieux : la succession de « que » alourdit la formulation, rendue plus laborieuse encore par la tournure « exprès pour que » (analyse de la forme). Voilà des propos bien dérisoires, alors même que le bateau est en train de sombrer. Or cette prétendue démonstration n’apporte précisément aucune preuve, puisque Voltaire parle d’ « a priori ». Le verbe « prouver » se trouve, partant, contredit, et les paroles de Pangloss ne sont frappées qu’au coin de l’absurde. D’ailleurs l’allitération en [R], dans l’expression « tandis qu’il le prouvait a priori », suggère un ricanement de la part de l’auteur, alors que l’imparfait, en opposition totale avec le présent qui suit, dénonce l’attitude irresponsable de ce soi-disant philosophe, qui se complaît en faux raisonnements, au moment où la réalité concrète fait pression.
C’est là, de plus, pour Voltaire, une nouvelle occasion de récuser l’argumentation finaliste, introduite par la formule « exprès pour que » : la formulation ridicule et absurde de « l’argument » ne fait que révéler l’inanité d’un telle « philosophie » qui prétend attribuer une finalité à tout événement et en fin de compte, à l’univers en général. En outre, le comportement inhumain de Pangloss, qui laisse tranquillement périr l’anabaptiste, souligne le caractère éminemment dangereux de ces théories non fondées.
  1. La dénonciation de l’Optimisme
Aussi, au-delà de la dérision à l’égard de Pangloss, Voltaire s’attaque-t-il, beaucoup plus largement, à la théorie même de l’optimisme. La tempête, en effet, frappe non pas un simple bateau, mais un « vaisseau » (bâtiment bien plus imposant), qui, à la fin, se trouve réduit à une simple « planche » ; de même, la masse des passagers se limite, à l’issue du naufrage, à trois rescapés. C’est dire la fragilité et l’incertitude des choses humaines ! Et l’évocation finale de la faiblesse des trois hommes – accentuée, en ce qui concerne Candide et Pangloss, par le recours au passif « furent portés » (analyse de la forme) - devrait porter un nouveau coup fatal à l’optimisme béat.
Pourtant, au terme de ce « déluge », envisagé comme une sorte de fin du monde, les rescapés abordent à une nouvelle vie, symbolisée par le « rivage ». Mais parmi ces naufragés, - tels de nouveaux Robinson Crusöe - , on compte une meurtrier, un philosophe sans scrupule et un jeune homme peu avisé, ce qui ne paraît pas du meilleur augure pour une renaissance. Voltaire, malgré un style détaché et plutôt comique, témoigne donc d’un certain pessimisme, d’une inquiétude profonde quant à l’ordre des choses. On a, du reste, souvent parlé de « pessimisme gai » à son sujet.
Ainsi la tempête et le naufrage, ne sont-ils, en fait, que des prétextes pour Voltaire, qui en use comme toile de fond. Par l’animation du récit, par le style burlesque, comparable à celui d’un dessin animé, il parvient à donner une leçon vive et légère, sans recourir à l’argumentation fastidieuse, à la dissertation philosophique. De fait, illustrant parfaitement le propos de Montesquieu qui affirmait que le « ridicule, jeté à propos, a une grande puissance », Voltaire en ridiculisant Pangloss, dénonce tout à la fois l’absurdité du destin et les théories optimistes. Un tel récit relève de la gageure (se prononce « gagure » = pari, défi) puisqu’il s’agit de faire, en même temps, rire et réfléchir sur les malheurs des hommes et sur l’absurde de l’existence. Et nous ne pouvons que souscrire au jugement de Grimm qui déclarait que Voltaire « a mis la philosophie à la portée de tout le monde ».

PREPOSITIONS ET CONJONCTIONS : VALEUR STYLISTIQUE DES MOTS DE LIAISON

L’écriture de Voltaire se caractérise par le refus de la subordination et plus généralement des conjonctions qui donneraient plus de liant  à son style.
Dans l’épisode de la tempête, on ne relève que quatre conjonctions de coordination, et aucune conjonction de subordination, absence toutefois en partie compensée par la rare présence de subordonnées relatives. Quel effet produit cette rareté des liaisons, cette tendance à l’asyndète ?
L’asyndète est notamment remarquable dans les lignes suivantes : « les voiles étaient déchirées, les mats brisés, le vaisseau entr’ouvert. Travaillait qui pouvait, personne ne s’entendait, personne ne commandait. L’anabaptiste aidait un peu à la manœuvre, il était sur le tillac »
La suppression de toute conjonction produit une accélération du tempo de la phrase propre à traduite la panique des occupants du bateau. D’autre part, ce style que l’on qualifie de « coupé » évite le pathétique que des événements si dramatiques devraient engendrer. Par le style « coupé », en effet, les émotions sont comme annulées, une distance est prise par rapport aux êtres et à leur souffrance. Ainsi la tragédie du « bon anabaptiste » n’inspire-t-elle ni véritable terreur, ni profonde pitié.
Le mystère de notre quasi insensibilité réside en grande part dans cette économie des liaisons grammaticales, dans l’effet en quelque sorte « anesthésiant » de l’asyndète. Plus fréquemment dans Candide, le style coupé est le vecteur de l’ironie, parce que la distance qu’il instaure peut aisément se mettre au service de la raillerie. Ici, n’oublions pas que c’est la théorie de l’optimisme de Leibniz et du « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes » qui est moquée par la mort du meilleur des hommes.

Candide , Chapitre VI (2 premiers paragraphes)

INTRODUCTION

D.   PREAMBULE

  • L’épisode de l’autodafé est relaté par le narrateur en focalisation zéro alors que ds le chap. VIII, c’est Cunégonde, spectatrice de la cérémonie, qui en fera le récit. Cette réduplication montre, si besoin est, combien la dénonciation de l’intolérance, celle qui se nourrit du fanatisme religieux est un thème cher à Voltaire. Le fanatisme a de multiples visages dont l’inquisition n’est qu’un avatar. Le chap I en a présenté un autre à travers la peinture d’une noblesse rétractée sur ses privilèges et prisonnière de préjugés nobiliaires grotesques.
  • Ce chapitre porte une sérieuse atteinte à la théorie de l’Optimisme car y meurent un grand nombre de victimes innocentes (les 4 condamnés - si l’on compte la fausse mort de Pangloss (mal pendu) - et les victimes des deux tremblements de terre !)
  • La composition de la page est d’une grande simplicité et correspond aux deux § que nous allons commenter : le 1er § présente la décision des autorités religieuses et le lien avec le tremblement de terre ; le 2ème § consacré à l’autodafé présente successivement les victimes, leur crime, leur châtiment.

E.   SITUATION

  • Après l’épisode guerrier des chapitres 3 et 4, les tribulations maritimes de Candide l’ont amené après une violente tempête au cours de laquelle il a perdu le bon anabaptiste Jacques à Lisbonne, ville portugaise en proie à un terrible séisme. C’est donc ébranlé par les différentes catastrophes récentes et dont les dernières dépassent la seule malfaisance humaine que Candide aborde à Lisbonne.
  • Liaison étroite entre chap VI et V par thème religion. A la fin du chap V, P (et involontairement et passivement) C se sont compromis dans une discussion religieuse avec un familier de l’inquisition. Bavard impénitent, P s’est lancé ds des arguties sur notion métaphysique de liberté. Au chap VI, C et P sont victimes de la décision de l’université de Coimbre de brûler à petit feu quelques hérétiques pour éviter un nouveau tremblement de terre. Par conséquent P et C sont arrêtés l’un pour avoir parlé et l’autre pour avoir écouté. Le chap VI décrit dc le châtiment infligé

F.    INTERETS / PLAN

  • Un conteur dramaturge pour une mise en scène sous le signe des apparences
  • Un conteur contempteur de l’Infâme.

I.      UN RECIT THEATRALISE ET DISTANCIE : L’AUTODAFE COMME SPECTACLE RITUEL

C.   LA MISE EN SCENE D’UN « BEL AUTODAFE »

Le champ lexical du spectacle
Un cadre spatial fonctionnant comme un décor 24
Concentration des effets et rapidité des actions 12
Absence d’analyse psychologique 12
Narrateur spectateur et spectateur lecteur
            Les variations d’éclairage : les changements de points de vue 13
            Un regard d’esthète 16 (sermon très pathétique / Belle musique)
Inflation des détails visuels et sonores fonctionnant comme des didascalies
Un tempo alerte (passé simple 17, indicateurs temporels 18, « et » 22, ellipse 30, 33)
Une esthétique classique :
            Economie de moyens 23
            Syntaxe épurée (phrases juxtaposées ou coordonnées, rôle du « et ») 23

D.   UNE SCENE CARNAVALESQUE

  • Costumes et déguisements  25 30 F
            Mitres en papier : privées de solennité 15
  • Renversement carnavalesque :
            Les diables n’ont ni queue ni griffes comme la cérémonie n’a ni queue ni tête
            Flammes renversées (renversement) / flammes droites
  • Procession religieuse : sorte de défilé carnavalesque
Conséquence : un spectacle vidé de tout contenu spirituel.

E.   UN RECIT EUPHEMISE MUET ET FACTUEL

  • Un récit édulcoré, euphémisé : respect des bienséances : pas de cri, de sang, de bourreau (conforme à l’esthétique classique !)
  • Absence de pathos 33 D
            Neutralité de ton, regard de l’ethnologue, du clinicien
  • Récit factuel : enchaînement strict et rapide des faits (de la prison à la procession sans passer par le prétoire) qui s’autorise l’ellipse (les 8 jours passés en prison)

F.    LE REGNE DES APPARENCES

  • Les condamnés ABCG
  • La cérémonie ABC
II. L’INFAMIE DE LA TYRANNIE INQUISITORIALE
Ie les objectifs de la dénonciation :  le fanatisme religieux, la superstition et l’intolérance

F.    LE MECANISME DE L’INQUISITION

  • Un pouvoir anonyme, omnipotent 7 et incompétent
L’aspect comminatoire du « ON », ellipse systématique des compléments d’agent
Forme et voix passives 6 bis, 17
Un monde muet et déshumanisé 11 bis
Recherche forcenée de pécheurs, de victimes expiatoires et propitiatoires : règne de l’arbitraire
  • Des victimes anonymes et innocentes
Faux crimes et vrais châtiments 4 5 6
            Les griefs 8 28 MNO
            Les effets
Iniquité dénoncée par les faits : cf. fin 2ème § : l’inefficacité provoque l’effet inverse de celui qui est escompté (recherché)
Des figures christiques (Golgotha, crucifixion, tremblement terre : voir Matthieu 27-51))

G.   LE MECANISME DE LA DENONCIATION

  • Le règne de l’absurde et le jeu sur les causalités
                                          i.    Faire éclater l’absurde 10 11
                                        ii.    L’assonance en (a) 32 mimétique du fracas sismique
                                       iii.    Ironie de V : critique de la superstition (cf enchaînement illogique des 1er et 2ème  § « en conséquence »)
  • Le choc des champs lexicaux : la logique / le religieux
Conséquence : acte de foi, l’autodafé est dévalué en acte de superstition 14
  • Le matériel substitut du spirituel 14 E
  • La double dénonciation : le poids du « deux » 19
  • Recours aux armes théologiques pour dénoncer le fanatisme religieux : les réminiscences néo testamentaires 21
  • De spectateur, V se fait contempteur (modification perceptible ds le choix des armes rhétoriques dont se dote le narrateur) du « bel autodafé » :
  1. l’ironie 25 25 BIS
Figures de style et procédés constitutifs de l’ironie JKL
  1. L’humour 25 TER 29 (humour noir)
  2. Le burlesque 32

CONCLUSION

  • L’intolérance est la seconde incarnation du mal rencontrée par C : elle a une parenté avec la guerre car présente même aspect spectaculaire (beauté apparente qui masque des atrocités)
  • De plus, comme la guerre, il s’agit ici d’une surenchère des hommes sur leur propre malheur.
  • Les échos : ont pour fonction d’assurer sous l’apparente disparité des épisodes une profonde cohérence narrative (VIII, Cunégonde / XXVIII)
  • La futilité des crimes reprochés ici contraste avec la violence du châtiment et le procédé semble relever de l’exagération, toujours si efficace lorsqu’on se livre à la caricature… Bien sûr à l’époque de la composition de Candide, Voltaire ignore que le 1er juillet 1766 le jeune chevalier de la Barre sera exécuté à Abbeville pour avoir été seulement suspecté de ne s’être point découvert au passage d’une procession religieuse…La réalité dépasse la fiction…
  • L’intolérance religieuse n’est évidemment pas l’apanage des catholiques ; Au chap III, Candide est repoussé avec virulence par un protestant hollandais à qui il ne déclare pas qu’il croit voir dans le pape l’Antéchrist. Au chap XII, la Vieille relate les horreurs de la guerre qui opposa les janissaires turcs et musulmans aux Russes orthodoxes. Le fanatisme semble être la règle de toutes les religions.
  • Les chapitres eldoradiens peignent un peuple heureux parce que débarrassé des dogmes religieux, un peuple sans clergé, un peuple qui ne prie pas Dieu mais qui ne cesse de le remercier. Cette religion de la tolérance, Candide la fait sienne au chap XXX. Dans la métairie coexistent optimisme et pessimiste, chrétiens et musulmans (frère Giroflée) mais il n’y a ni ’église ni clergé et l’harmonie n’est obtenue qu’au prix de l’expulsion du fils du baron et du silence de Pangloss.
L’autodafé marque la purification de l’Eglise (auto da fe = acte de foi) par des cérémonie voulues exemplaires. Il est constitué par la lecture solennelle des jugements de l’inquisition aux condamnés revêtus d’une casaque (san benito) et d’une mitre en carton sur laquelle sont peints des diables et des flammes. Le sens des flammes traduit le degré de culpabilité : les flammes droites annoncent la peine de mort et les flammes renversées la remise de cette peine. Puis vient l’exécution de la sentence : les impénitents et les relaps sont brûlés vifs, les repentants bénéficient d’un régime de faveur puisqu’ils sont étranglés avant d’être jetés au feu. Ceux qui échappent à la mort sont flagellés - comme Candide - ,  emprisonnés, exilés ou privés de leurs biens.
L’épisode de l’autodafé repose sur des circonstances historiques : le 20 juin 1756 eut lieu à Lisbonne un autodafé consécutif au tremblement de terre et Voltaire y fait référence dans sonPrécis du siècle de Louis XV : « Les Portugais crurent obtenir la clémence de Dieu en faisant brûler des Juifs et d’autres hommes dans ce qu’ils appellent un autodafé, acte de foi, que les autres nations regardent comme un acte de barbarie »

Candide , Chapitre XIX « En approchant de la ville…il entra dans Surinam »

 

INTRODUCTION

G.   PREAMBULE

H.   SITUATION

I.      INTERETS / PLAN

I. UNE CRITIQUE DE LA SOCIETE ESCLAVAGISTE

G.   LA LEGITIMITE D’UNE « ABOMINATION »…

  • Un système économique et cynique.
  • Le commerce triangulaire et le cadre spatial

H.   …FONDEE SUR LA LOI CORRUPTRICE DE L’ARGENT ET LA PERVERSITE

  • Le renversement des valeurs
  • La perversité des liens familiaux

I.      UN DISCOURS RELIGIEUX ANESTHESIANT ET FALLACIEUX

  • Le champ lexical de la religion
  • En Guinée
  • A Surinam
  • Discordance discours / réalité

J.    UN SYSTEME SOUS LE SIGNE D’UNE TRIPLE AMPUTATION…

  • Mutilation physique (les parallélismes)
  • Mutilation sociale et intellectuelle
  • Mutilation spirituelle

K.   ….ET DE L’ANIMALISATION ( LE DENI D’HUMANITE)

F.     UN REQUISITOIRE CONTRE LA SOCIETE ESCLAVAGISTE 23
II. LA DEROUTE (PROVISOIRE ? ) DE L’OPTIMISME

H.   LA MERE : DISCIPLE DE PANGLOSS

  • L’acceptation de l’ordre établi
  • L’oxymore « honneur » / « esclave »
  • Discrédit jeté sur le discours maternel

I.      LA PRISE DE CONSCIENCE ET L’EVOLUTION DE CANDIDE

  • La pétition de principe de Candide (« O Pangloss…cette abomination…je renonce à ton optimisme »)
  • « En approchant de la ville, ils rencontrèrent…/ en pleurant,  il entra dans Surinam » : les verbes de mouvement comme marqueurs de l’évolution de Candide
J.    «  QU’EST-CE QU’OPTIMISME ? »
III. LES ARMES DE LA DENONCIATION.
    1. UNE PRESENTATION CLAIRE ET CONCISE
      • Caleçon / jambe gauche / main droite
  1. L’HUMOUR 26 à 31-2
Le cratylisme de « Vanderdendur » / « fameux » / « fortune » / « Qu’est-ce qu’optimisme ? » / « fétiches » / symétrie / métaphore filée / etc.
    1. UN ART DU DECALAGE OU L’IRONIE SYSTEMATISEE 33/2 33/5
IV. L’ART DU METTEUR EN SCENE OU UNE DRAMATISATION DE LA PAROLE
A. UN CADRE SPATIO TEMPOREL ELARGI
B. UNE SITUATION PARTICULIERE
  • Le choc d’une rencontre
  • Une horreur banalisée
  • Le discours enchâssé
  • Un quintuple point de vue
  • Le discours de Candide
  • Le discours de l’esclave
      • Un pathétique sobre (refus du pathos)
      • La neutralité du ton 37 38
    1. LA MISE EN SCENE D’UNE PAROLE VIVANTE OU L’EFFFICACITE DE LA POLYPHONIE
    1. UN DIALOGISME EN FORME DE PLAIDOYER
Les pronoms personnels COD / Le « Je » / Le réquisitoire / Le syllogisme / La religion / Une double rhétorique : l’africaine et l’occidentale / L’alternance « je » et « nous » / L’opposition « on » et « nous »

Candide , Chapitre 30 (premier extrait)


 (Il y avait dans le voisinage, un derviche très fameux (…) le travail éloigne de nous trois grands maux, l’ennui, le vice et le besoin) 

INTRODUCTION

J.    PREAMBULE

Pourquoi recourir au derviche ?

K.   SITUATION

L.    INTERETS / PLAN

Montrer comment sont rejetées, disqualifiées les « convulsions de l’inquiétude » métaphysique et la « léthargie de l’ennui » (propos de Martin quelques lignes avant l’extrait à commenter) sans pour autant que soit délivrée la « conclusion » finale.

I. LA CONSULTATION DU DERVICHE

Comment sont disqualifiées les « convulsions de l’inquiétude » métaphysique

L.    PAROLE ET PARABOLE

A la parole de Pangloss s’oppose la parabole du derviche.
  • Le discours des personnages
Pangloss / Candide / le derviche
  • Les « souris du derviche » : sens de la parabole
  1. La question de la Providence
  2. La négation du providentialisme

M.   LECONS ET SOLUTIONS

  • « Que faut-il donc faire ? »
  • Le rejet des interrogations métaphysiques

II. LA RENCONTRE AVEC LE BON VIEILLARD

Le rejet conjoint des « convulsions de l’inquiétude » métaphysique et de la « léthargie de l’ennui »

N.   UNE CHRONOLOGIE QUI FAIT SENS

O.   LA LECON DE L’EXPERIENCE : L’EMPIRISME CONTRE L’APRIORISME

    1. Le discours des personnages
Pangloss / Candide / Le bon vieillard
    1. Sens de l’épisode
    2. La couleur orientale

P.    « LE TRAVAIL ELOIGNE DE NOUS TROIS GRANDS MAUX »

Sens de la formule

III. EN FIN DE COMPTE LE DERVICHE ET LE BON VIEILLARD NE SAURAIENT SIGNIFIER LA FIN DU CONTE

D.   UNE DOUBLE PARABOLE

    1. CONVERGENCE DES LECONS
      • La vertu du silence / la vertu de l’expérience
      • Une même indifférence sur le fond
      • Sur la forme : brutalité / urbanité
    1. UNE CONCLUSION PROVISOIRE

Candide , chap. 30 (second extrait)
« Candide, en retournant dans sa métairie (…) il faut cultiver notre jardin »

I.LA MISE A MORT DU CULTE DE L’OPTIMISME.

A.   LA MANIE DE LA PENSEE THEORIQUE

    • La rappel des 6 rois détrônés et la généralisation théorique
Une expérience purement érudite et livresque
    • L’énumération historico-biblique (la litanie des souverains assassinés)
  1. Un discours logorrhéique : effet comique, parole Pangloss discréditée
  2. La parodie biblique du Livre des Rois
L’intellectualisme en tant que terrorisme
  1. UN DISCOURS EN APPARENCE PHILOSOPHIQUE
Les marqueurs du raisonnement philosophique :articles définis à valeur généralisante / présent de vérité générale / connecteurs logiques
  1. LA MANIE DE L’OPTIMISME ET DU PROVIDENTIALISME
    • « Ut operaretur eum »
L’inspiration biblique, le travail conçu comme châtiment divin.
    • La parabole du jardin
    • La synopsis
  1. Fonction récapitulative propre au conte
  2. Fonction unificatrice : assurer cohérence et unité du conte
  3. Pangloss : représentant grotesque de l’apriorisme et du providentialisme
→ Inanité de la démonstration : vouloir appliquer à l’illogisme de cet enchaînement de maux la logique des mots

II. LA CULTURE DE LA TERRE

A .LA PHILOSOPHIE DU JARDIN

  1. La polémique contre l’optimisme ouvre sur la constitution d’une authentique philosophie (libéralisme économique et politique, individualisme, humanisme)
  2. Conséquences
    1. Le rejet de toutes les formes d’autorité (religieuse, intellectuelle et politique)
    2. Le mode de fonctionnement de la petite métairie (talents = compétences / spécialisation et rationalisation des taches) annonce l’organisation des entreprises futures
B.LE SENS DE LA FORMULE « il faut cultiver notre jardin »
  • En contextes (du conte / du 18ème siècle)
  • Significations de la formule :
▪  Du futile (jardin de TTT) à l’utile
▪  Du faux « paradis terrestre » à un nouvel Eden
▪  Du paradis d’illusions au jardin de sagesse
▪  Conséquences :
→  le jardin du chap. 30 marque la fin d’une évolution
→  La boussole du bonheur indique la direction du Soleil Levant (Turquie) conformément à laGenèse (Dieu planta un jardin en Eden, à l’orient)
  • Affirmation « en creux » d’une morale épicurienne
  • Résume le travail critique du conte
III.LE CULTE DES HOMMES

A.   L’ECHEC DE L’IDEOLOGIE

  1. B.   LE PROBLEME DU MAL ET L’ECHEC DE LA METAPHYSIQUE
  2. C.   UN BIEN-ETRE SEDUCTEUR ET REDUCTEUR
  1. Une communauté sans hiérarchie visible ni conflit : le règne de la tolérance
  2. Neutralité et neutralisation religieuses
  3. La petite société et la parabole des « talents »
  • Considérations sur la petite métairie
  • Les membres qui la composent : des êtres mutilés par l’existence
  • Les activités
  • Un microcosme particulier
  1. L’apologie du travail dans sa dimension thérapeutique
  1. D.   UNE MORALE DE LACTION
Les connotations attachées au verbe « cultiver »
Un message conforme aux idéaux des Lumières et aux théories des physiocrates
Candide : un philosophe des Lumières
Le philosophe authentique : un homme d’action et non un homme de discours
  1. E.   LE SENS DU BONHEUR HUMAIN
Refus de la métaphysique : le « jardin » par opposition au ciel des métaphysiciens
F.    LES PERSONNAGES : ENTRE STATISME ET DYNAMISME
  • L’ambiguïté de Martin : entre pessimisme et empirisme
  • Pangloss tel qu’en lui-même
  • Candide :
→ Représentant de l’empirisme
→ Bâtard déclassé devient propriétaire terrien (intégration sociale réussie du picaro)
→ Devient le maître de lui-même (gagne en autonomie / « sapere aude » : ose penser par toi-même)

IV. LE CULTE DES MOTS

SOUS LE SIGNE DE LA REPETITION ET DE LA DIFFERENCE

Exhibe la structure du conte
La généalogie de la vérole
Les jardins successifs…
LES ECHOS
METAIRIE ET BARONNIE : SIMILITUDES ET DIFFERENCES
LA « CONCLUSION » D’UN CONTE PHILOSOPHIQUE
  • Un conte :
couleur orientale
une fin quelque peu décevante sur le plan de l’intrigue (mariage de Candide contre son gré…)
Le finale d’un conte : regroupement des personnages essentiels (expulsion du baron)
  • Un conte philosophique :
Cf. titre du chapitre 30 : fin plus conforme à un texte didactique qu’à un texte narratif
C’est la philosophie qui l’emporte désormais, mâtinée de préoccupations économiques
une fin ambiguë, ouverte,  problématique conforme au genre
L’ART DU CONTEUR
  • L’ironie
  • Une syntaxe mimétique (Pangloss)






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